La gomme bichromatée est l'art de la couleur, du dépouillement.
Une fois insolée, la feuille est immergée dans un bac d'eau claire, afin de laisser apparaître l'image lentement. C'est alors qu'intervient soit la phase du dépouillement passif où l'image est totalement livrée à l'action de l'eau sans aucune intervention soit la phase du dépouillement active à l'aide d'un pinceau ou d'une pissette d’eau. Le moment où l'on décide d'intervenir dans le dépouillement est capital. L'aspect final de la gomme dépend de cette décision qui ne peut être prise qu'en fonction de la couleur, de sa densité, de l'épaisseur de la couche de gomme et surtout de l'image que l'on souhaite obtenir. C'est à la fois une question de pratique et de sensibilité.
On supprime alors des pans entiers de gomme chargée de pigments gorgés de bichromate de potassium. Ce travail reste très délicat, le moindre faux mouvement provoque une détérioration de l'image qui peut être réparée grâce à une nouvelle couche, voire plusieurs selon l'état de l'altération. Pendant le dépouillement, la feuille reste en suspens dans l'eau afin d'amortir l'action du pinceau ou de la pissette pour faciliter l'élimination de la couche de gomme.
Une fois terminée encore mouillée, l'image a un aspect magnifique, à la fois brillante, en relief, presque translucide. Les couches successives de couleurs se distinguent par l'effet conjugué de l'eau et du gonflement de la gomme arabique.
Le choix du négatif est primordial. Toute photo ne peut pas être rendue en gomme. Tout dépendra de la lumière, du contraste, du sujet et de ce que l'on veut représenter. Chaque couche est unique loin du mouvement mécanique et de la reproduction à l'identique.
Le 17/06/12
Erick Mengual